Caitlin Clark, la femme de tous les records
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A’ja Wilson, Brittney Griner, Diana Taurasi, Sabrina Ionescu, Kelsey Plum… L’équipe américaine aux Jeux Olympiques de Paris était une constellation d’étoiles. Seulement, une absence a choqué le monde du basket international, celle de Caitlin Clark. La joueuse de l’Indiana Fever n’était alors qu’une rookie mais son immense talent déjà démontré à l’université, avait donné un coup de fouet à la WNBA, et il était évident qu’en plus de ses capacités sportives, la jeune femme était à même de doper aux Etats-Unis -et peut-être partout sur le globe- les audiences du tournoi de basket olympique.
Alors, pourquoi Catlin Clark n’a-t-elle pas été retenue ? Cette ancienne MVP de la Coupe du monde U19 en 2021 avait été invitée en amont au camp d’entraînement de l’équipe américaine, mais elle n’avait pas pu s’y rendre car elle était encore occupée par sa fac de Iowa qui se qualifia une deuxième fois pour la finale NCAA. Cette absence a probablement joué un rôle majeur dans la décision finale du comité de sélections composé de cinq membres, et aussi le fait qu’elle n’avait pas d’expérience internationale. En tous les cas, la coach Cheryl Reeve, s’est dédouanée plus tard. « Je pense que ce que les gens ne comprennent pas, c’est que l’entraîneur de l’équipe nationale n’a vraiment aucun pouvoir dans la sélection de l’équipe », a-t-elle fait remarquer.
Beaucoup de gens sont montés au créneau pour critiquer la non-sélection de Clark avec dans l’argumentaire le fait que le basket féminin avait raté une occasion en or de faire croître son audience dans les médias, compte tenu de la popularité de la joueuse. C’est une donnée que l’intéressée rejette totalement. « Je ne veux pas être là parce que je suis quelqu’un qui peut attirer l’attention », a-t-elle affirmé au magazine Time. « J’aime ça pour le basket féminin, mais en même temps, je veux être là parce qu’ils pensent que je suis assez bonne pour ça. Je ne veux pas être une petite personne que les gens traînent pour qu’on l’acclame et qu’on regarde seulement parce que je suis assise sur le banc. Tout ce récit m’a un peu contrariée. Parce que ce n’est pas juste. C’est irrespectueux envers les personnes qui faisaient partie de l’équipe, qui l’avaient mérité et qui étaient vraiment bonnes. Et c’est aussi irrespectueux envers moi-même. »
Il est facile de noter après coup que Diana Taurasi, qui venait de fêter ses 42 ans, arrivée au bout du bout d’une carrière majestueuse, n’a joué que des poussières de minutes et n’est pas entrée en jeu en finale face à la France.


Pour la première fois, plus de personnes ont regardé le championnat NCAA féminin que celui des hommes !
Reposons la question : pourquoi Caitlin Clark aurait dû être médaillée d’or à Paris 2024 ? « Parce qu’elle est la plus grande star de moins de 30 ans, et que seuls LeBron James et Steph Curry vivent dans son orbite mais en ayant très largement dépassés ce cap d’âge, » comme l’affirme l’analyste Bill Simmons ? Probablement, mais plus encore. Vous pouvez piocher dans ses records et ses trophées récents pour convaincre les plus réticents.
Lors de sa saison 2024 avec le Fever, elle a été élue Rookie of the Year de la WNBA avec 66 voix sur 67 suffrages. Elle a marqué le plus de points pour une meneuse et pour une rookie dans l’histoire de la ligue (19,2 points/moyenne), battu le record de passes décisives sur une saison (337, 8,4 assists/moyenne), de trois-points pour une rookie, etc, etc. Elle a été élue Female Athlete of the Year par l’agence Associated Press et Athlete of The Year par le magazine Time.
Elle avait quitté la fac quelques semaines auparavant surchargée de trophées avec les John Wooden et Naismith College Awards qui récompensent la joueuse universitaire de l’année. Et aussi le record de points dans une carrière en NCAA, soit mieux que Pete « Pistol » Maravich, une légende des années 70. Le Fever en avait évidemment fait le premier choix de la draft WNBA.
Le plus impressionnant est dans les chiffres d’affluence et d’audience. En 2023-2024, l’équipe universitaire de l’Iowa a gagné 3,26 millions de dollars (3,12 euros) grâce à la vente de billets. Le double de la saison précédente. La finale du championnat universitaire entre Iowa et South Carolina a attiré en moyenne 18,9 millions de téléspectateurs, devenant le deuxième événement sportif féminin le plus regardé, en dehors des Jeux olympiques, dans l’histoire de la télévision américaine. Cette audience a dépassé celle de chaque match des finales NBA et des World Series de 2024. Et pour la première fois, plus de personnes ont regardé le championnat NCAA féminin que celui des hommes ! C’est comme si en France un match de foot féminin attirerait plus de monde qu’un match de foot masculin.

Le Fever était à l’affiche des 15 matchs WNBA les plus regardés en 2024
La première chose qui est fascinante dans le jeu de Caitlin Clark est sa faculté à tirer avec précision de n’importe quelle distance et sous n’importe quel angle. Comme Stephen Curry. D’ailleurs, la NBA l’avait invitée à s’associer à Sabrina Ionescu pour défier la paire Stephen Curry-Klay Thompson lors du concours à 3-points du All-Star Game NBA 2025 à San Francisco, mais elle a refusé. « Quand j’étais enfant, je jouais contre des garçons et nous n’avons jamais dit que c’était bizarre, c’était normal. J’étais meilleure que la plupart des filles, alors j’ai été envoyée chez les garçons. Ils n’ont pas réussi à me trouver une ligue de filles, » a-t-elle indiqué.
Lorsqu’elle est entrée en WNBA, elle a ébloui par ses prouesses techniques, sa vitesse, ses fulgurances, mais elle a aussi exposé quelques faiblesses. « La tactique n°1 des équipes pour m’arrêter est « soyez physique avec elle ». Parce qu’elles savent que soit je n’aime pas ça, ou que ça peut me déstabiliser, » avoue-t-elle. Elle peut parfois avoir de mauvaises séquences de shoots et surtout elle ne prend pas toujours soin du ballon. Elle a concédé 5,6 balles perdues pour son année de rookie, ce qui est beaucoup trop.
Il lui a fallu s’adapter à la rigueur de la WNBA comme elle le reconnait elle-même. « Les joueuses et les entraîneurs professionnels – et ce n’est pas un manque de respect pour le basket féminin universitaire – sont beaucoup plus intelligents. J’adore le basket féminin universitaire. Mais si vous regardez la façon dont les gens défendaient sur moi à l’université, c’est presque inquiétant », estime-t-elle avec une cruelle franchise. « Elles ne me doublaient pas, ne me piégeaient pas, elles n’étaient pas physiques. C’est l’université. Beaucoup de ces femmes ne joueront plus jamais au basket de leur vie. Elles n’ont pas le QI nécessaire pour comprendre comment fonctionne le jeu. Donc je comprends parfaitement cela. Et ce n’est pas du tout un manque de respect. Il faut simplifier les choses pour les filles de cet âge. » On imagine les réactions en France si une joueuse tenait ce genre de discours.
Caitlin Clark a bénéficié à son arrivée en WNBA d’une excellente dynamique avec des MVP comme A’ja Wilson et Breanna Stewart, des investissements dans le sport féminin en plein essor aux Etats-Unis, ou encore des affluences croissantes. Mais la star a démultiplié le phénomène.
Avec le Fever, Caitlin Clark a participé aux matchs de la WNBA les plus regardés de tous les temps sur ABC, CBS, ESPN et ESPN2 ! La ligue a attiré un record historique de plus de 54 millions de téléspectateurs uniques sur toutes ses plateformes de diffusion nationales pendant la saison régulière.
La franchise de l’Indiana a battu le record de la ligue en terme d’affluences dans sa salle (17 036 spectateurs en moyenne contre 12 730 au New York Liberty, 2e du classement) et certains de ses matches ont été délocalisés dans les arènas de la NBA et de la NHL à Las Vegas, Atlanta et Washington DC, afin d’accueillir les hordes de fans, dont beaucoup portaient le maillot n° 22 de Clark. La finale de la saison régulière Washington Mystics-Indiana Fever a établi un nouveau record de fréquentation pour un match de la WNBA avec 20 711 spectateurs. En 2023, l’affluence moyenne du Fever était de… 4 067 spectateurs, ce qui signifie que pour cette saison 2024, l’augmentation du nombre de fans en pourcentage a été de 320 %.
Il n’y a pas que le Fever qui a profité de ce raz-de-marée populaire. A l’été 2024, plus de 2,3 millions de fans ont assisté aux matchs du championnat qui ne comprend que douze équipes. La fréquentation de toutes les équipes a augmenté de 17% par rapport à la saison précédente.
Les audiences TV ont également fait des bonds. Les deux matchs du premier tour des playoffs d’Indiana contre le Connecticut Sun ont rassemblé en moyenne 2,17 millions de téléspectateurs. Ce chiffre est près de trois fois supérieur à la moyenne de l’année dernière pour la série finale entre les Las Vegas Aces et les New York Liberty (728 000 spectateurs).
Selon Sportsnaut.com, le Fever était à l’affiche des 15 matchs WNBA les plus regardés cette saison 2024 et dans 19 des 22 matchs de saison régulière qui ont attiré au moins 1 million de téléspectateurs. Le match le plus populaire de la saison s’est tenu le 23 juin. C’était le remake de la confrontation entre Clark et Angel Reese, sa rivale de LSU, lors du match Indiana-Chicago qui a été regardé par 2,3 millions de téléspectateurs.
« Cela m’a fait penser aux Beatles. Ou à Elvis. »
La présence de Caitlin Clark est une garantie d’audience. En plus des matchs auxquels elle a participé, tous les événements impliquant la jeune femme ont vu leurs statistiques augmenter. La draft NBA 2024 a attiré 2,45 millions de téléspectateurs, soit plus de quatre fois mieux que la draft 2023. Le All-Star Game a réuni 3,44 millions de téléspectateurs, plus de quatre fois les 850 000 téléspectateurs qui l’avaient regardé un an auparavant.
D’autres chiffres ahurissants ? Les t-shirts portant le nom de Cairlin Clark sont évidemment les plus vendus et Indiana a augmenté ses ventes de marchandising de 1 200 %. Clarke a reçu 700 000 votes pour participer au All-Star Game, soit… plus que le nombre total de votes exprimés pour les dix joueuses les plus populaires du match des étoiles de 2023. À cette époque, c’est Aja Wilson qui avait rassemblé le plus de votes, mais son chiffre – 96 000 – dépassait à peine 1/8 des chiffres de Clarke.
La WNBA a rapporté que les publications taguées « WNBA » ont reçu près de 2 milliards de vues cette saison. L’Indiana a dévoilé ses chiffres en août : au cours des quatre mois précédents, les vidéos de l’équipe avaient déjà été vues plus de 800 millions de fois. En quatre mois, Indiana a récolté presque deux fois plus de vues que l’ensemble de la WNBA lors de la saison régulière 2023.
Le bookmaker Bet365 a publié son rapport annuel sur les principales tendances du marché des paris américain. Il a souligné la popularité croissante des sports féminins. La WNBA a connu des progrès à l’échelle mondiale, avec un volume de paris sur la ligue en hausse de 67 % d’une année sur l’autre. Caitlin Clark, Aja Wilson et Breanna Stewart sont les joueuses les plus populaires dans les paris.
Caitlin Clark est par ailleurs la basketteuse la plus populaire sur le site Basketball Reference. Sa page a été la plus vue dans TOUS les états américains y compris ceux qui ont à domicile une franchise WNBA concurrente.
Plus impressionnant encore peut-être : lors des matchs décisifs de la NCAA, Caitlin Clark, a surpassé la légende de la NBA, LeBron James, en termes de recherches en ligne. LeBron a répondu de la manière la plus courtoise possible. « Je suis très heureux pour Caitlin et je la respecte. J’admire la façon dont elle gère toute l’attention qu’elle reçoit. Je sais exactement ce que c’est que d’être sélectionné numéro 1 au classement général, d’être le visage de la franchise, d’être sous le regard intense de personnes qui ne croient pas en votre prochain geste, qui ne croient pas que vous êtes prêt à performer au plus haut niveau. C’est une joueuse incroyable et j’adore la regarder gérer l’adversité sur et en dehors du terrain », a-t-il déclaré à Esquire.
Christie Sides, l’entraîneur des Fever, se souvient de la foule qui s’était rassemblée pour admirer Caitlin Clark se diriger vers le bus avant ses débuts en saison régulière contre le Connecticut Sun. « C’étaient des gens de mon âge », a commenté cet homme de 47 ans. « C’étaient des gens de l’âge de mes parents. C’étaient des gens entre mon âge et celui de mes parents. J’ai vu des gens pleurer. J’ai vu des gens trembler. Cela m’a fait penser aux Beatles. Ou à Elvis. »
Caitlin Clark a assisté à deux concerts consécutifs de la mégastar Taylor Swift. Elle a rencontré la mère et le petit ami de la chanteuse, le footballeur des Kansas City Chiefs Travis Kelce. Lorsque les fans l’ont remarquée assise dans une suite, ils se sont retournés pour prendre des photos ou lui lancer des bracelets d’amitié. « Les gens sont fous de ma présence. Je pensais que les gens seraient dans leur propre monde, prêts à voir Taylor. Et c’était tout le contraire, » a-t-elle constaté.
Pour témoigner, le magazine Time a interrogé Charles Whitehead, un employé de la logistique d’Orange, dans le New Jersey, un quidam, qui a fait un trajet de trois heures jusqu’à la Mohegan Sun Arena pour voir Indiana affronter Connecticut au premier tour des playoffs. Il a payé environ 500 dollars pour sa place près de la première rangée. « Caitlin m’a amené ici », a-t-il reconnu en montrant du doigt l’autre côté du terrain, où Clark signait des autographes moins d’une heure avant le coup d’envoi. « Une rock star ». Charles Whitehead aurait-il payé un billet aussi cher pour un match de WNBA auparavant ? . « Non, non, non, non, non, non… Jamais, jamais, jamais, jamais. »


100 000 $ pour trente minutes pour une conférence vidéo
Le phénomène ne se dégonfle pas, au contraire. Lorsque l’université d’Iowa a retiré son maillot n°22 le 2 février, le billet le moins cher pour le match coûtait 711 $. 685 EUROS ! Soit le prix du billet le plus élevé de l’histoire du basket-ball féminin, rapporte TickPick.
La WNBA a publié le calendrier de la saison 2025 et Caitlin Clark d’Indiana affrontera Angel Reese de Chicago lors du match d’ouverture. Le prix actuel d’un billet pour le match est de 271 $. C’est plus que le prix des billets pour les premiers matchs à domicile de 29 des 30 équipes de NBA de cette saison. La seule équipe dont les billets étaient plus chers était le champion en titre, Boston.
On s’arrache Caitlin Clarke pour une conférence vidéo mais il faut y mettre le prix : 100 000 $ pour trente minutes ! C’est ce que le PDG d’Agecroft Partners, Don Steinbrugge, a affirmé. Il voulait profiter d’une pause dans sa saison pendant les Jeux Olympiques, mais il a estimé que c’était excessif. Caitlin Clark a fait six apparitions de ce genre au cours de l’année écoulée, ce qui signifie qu’elle a gagné au moins 600 000 $. Ça laisse sans voix.
Evidemment, un tel cachet est sans correspondance avec son salaire annuel avec le Fever qui est de seulement 76 535 $. Mais la star se rattrape avec ses contrats pub dont celui avec Nike de 28 millions de dollars sur 8 ans. Le plus gros contrat jamais signé par une basketteuse. Sportico a révélé qu’elle se positionnait pour l’instant à la 10e place des athlètes féminines au niveau des revenus avec 11,1 millions de dollars. Six tenniswomen sont dans le top10 dont Coco Gauf en numéro 1 avec 30,4 millions (9,4 millions de dollars en prix et 21 millions de dollars en revenus marketing).
« J’ai réussi à captiver tant de personnes qui n’avaient jamais regardé de sport féminin, à les transformer en fans », a déclaré Catlin Clark à Time, qui l’a élue Athlète de l’Année 2024.

« Je veux dire que j’ai mérité tout ce que j’ai gagné, mais en tant que personne blanche, j’ai un privilège »
La célébrité grandissante de Clark a bouleversé sa vie à une vitesse vertigineuse. Elle a désormais autour d’elle des gardes du corps. Cela ne l’empêche pas d’être harcelée, comme par ce Texan accusé vouloir de commettre une agression sexuelle et un meurtre, et qui risque jusqu’à six ans d’emprisonnement. Toute l’année, elle s’est retrouvée au cœur de débats houleux, même si elle n’a que rarement, voire jamais, fait quoi que ce soit pour les provoquer. La conférence de presse d’avant-saison avec le Fever était un signe avant-coureur des incidents à venir : un journaliste a semblé faire une tentative de flirt avec elle. On ne plaisante pas avec ça aux Etats-Unis ; il a été suspendu et interdit de couvrir le Fever.
Elle a été accusée d’être… Blanche dans un sport dominé par les Noirs. « Tout cela renvoie à quelque chose de bien plus vaste que Caitlin Clark », explique Theresa Runstedtler, spécialiste de l’histoire afro-américaine à l’American University. « Cela renvoie à nos problèmes non résolus de race, de genre et de sexualité dans la société américaine, à ce moment particulièrement tendu de notre paysage politique. » « L’Amérique a été fondée sur la ségrégation et, à ce jour, elle est très axée sur les Noirs et les Blancs », développe Temi Fagbenle, une Américano-nigériane, qui a été son équipière au Fever. « Dans un sport dominé par les joueurs noirs/afro-américains, l’Amérique blanche s’est ralliée à Caitlin Clark. Le soutien semble pour la plupart incroyable, parfois fanatique et territorial, parfois raciste. Il semble que le syndrome du Grand Espoir Blanc soit à nouveau en jeu. »
Sa rivalité avec Angel Reese a été montée en épingle. Les premières rumeurs de querelles sont survenues après un match entre Iowa et LSU lorsque Reese s’est apparemment moquée de Clark avec un geste de la main. « Je ne comprends pas du tout », a commenté Caitlin « Nous ne sommes pas les meilleures amies du monde, loin de là, mais nous nous respectons beaucoup. Oui, nous avons eu des batailles formidables. Mais quand est-ce que j’ai défendu sur elle ? Et quand est-ce qu’elle a défendu sur moi ? ». Clark a également évoqué le geste de la main de Reese envers elle, affirmant qu’elle « ne pensait pas que c’était une provocation » et que « cela ne la dérangeait vraiment pas ».
Caitlin Clark est consciente des fondements raciaux de sa célébrité. Elle en a parlé à Time : « Je veux dire que j’ai mérité tout ce que j’ai gagné, mais en tant que personne blanche, j’ai un privilège. Beaucoup de ces joueuses de la ligue qui ont été très bonnes étaient des joueuses noires. Cette ligue s’est en quelque sorte construite sur elles. Plus nous pourrons apprécier cela, le mettre en avant, en parler, et continuer à faire en sorte que les marques et les entreprises investissent dans ces joueuses qui ont rendu cette ligue incroyable, je pense que c’est très important. Je dois continuer à essayer de changer cela. Plus nous pourrons élever les femmes noires, plus ce sera une belle chose. »
Nick Wright, une personnalité de la TV américaine, n’a pas hésité à dire : « certains fans de Caitlin Clarke sont des racistes éhontés. Ils la soutiennent pour humilier les femmes noires. » Malgré cela, le talent de la joueuse a rassemblé des communautés, dans les arénas, les sports, les salons, et sur les réseaux sociaux, et c’est ce qu’il faut retenir en priorité.
Ce n’est pas évident d’être une superstar pour cette jeune femme originaire de Des Moines dans l’Iowa, un patelin à l’échelle américaine. « Je sais que les gens veulent qu’elle en dise plus et en fasse plus, et je me dis, à 23 ans, combien d’entre nous ont les compétences et la capacité de communiquer ? », demande l’ancienne star du Fever et membre du Hall of Fame Tamika Catchings. « Elle change la donne sur le terrain, mais devoir changer la donne en dehors du terrain et s’impliquer dans la partie politique, je ne sais pas si c’est sa responsabilité. »
« Le fait d’être une athlète professionnelle implique de s’exprimer sur des sujets importants », confirme Sue Bird quatre fois championne de la WNBA, cinq fois médaillée d’or olympique, et qui a fini par reconnaître son homosexualité. « J’imagine donc qu’elle va continuer à éduquer les gens et à s’améliorer dans ce domaine. Dans le monde d’aujourd’hui, les gens se serviront de vous si vous ne parlez pas de vos propres sentiments et pensées. En vous sentant plus à l’aise et en ayant plus confiance en votre voix, vous pouvez éliminer ce problème. »
« Je suis probablement la joueuse la plus populaire de la ligue en ce moment, et beaucoup de gens se tournent vers moi pour avoir leur mot à dire sur ce genre de choses », constate Caitlin Clark.
« Ce que Caitlin Clark a fait pour le jeu est historique. En tant que joueuse, je veux juste dire merci à une autre joueuse. Je tiens à la remercier d’avoir amené notre jeu à un niveau supérieur, » insiste Nancy Lieberman qui fut elle aussi une pionnière du basket féminin.
Le journaliste Jason Whitlock explique comment le profil, la notoriété de Caitlin Clarke ont porté préjudice à la NBA qui « n’a pas d’histoires passionnantes. Zion Williamson était censé être la prochaine grande star. Ja Morant portait une arme, allait dans un club de strip-tease et voulait être un rappeur plutôt qu’un joueur badass. Bronny Jame est en fait leur histoire la plus convaincante, et c’est un flop. Ce qu’ils n’auraient pas pu prévoir, c’est que Caitlin Clark allait nuire à la NBA. Il ne s’est pas passé grand-chose dans le basket-ball pendant les mois d’été, mais tout l’été, nous avons eu droit à une histoire de basket-ball captivante sur la confrontation de Caitlin Clark avec les femmes noires en colère de la WNBA. La NBA n’a pas d’histoire avec laquelle rivaliser. »