Raphael Desroses : « Limoges est ma dernière chance »
8 min readOn s’attend toujours à des matchs avec beaucoup d’intensité contre Pau, mais l’écart final te surprend-t-il ‘
On savait que l’on pouvait gagner avec un écart, mais on savait surtout qu’il fallait bien commencer le match. Contrairement à nos deux autres rencontres, nous sommes restés intenses, tout le match. On a défendu et on était prêt à courir. On a joué collectif ce qui nous a tous permis de marquer à 3pts et de se faire plaisir. On s’est servi de l’expérience de nos premiers matchs. On ne s’est pas posé de question. On est rentré dans le tas.
Votre adresse à trois points a été excellente (46% contre 16%), est ce la principale raison de votre victoire ‘
On avait décidé de se lâcher. Cédric (Banks) était serré de près et ils passaient au dessus de Chris (Massie) sur les écrans. Après, la balle a circulé, on a pris aussi de bons shoots en transition, on a fait beaucoup de passes décisives. On sait que l’on est une équipe capable de mettre des paniers. On a poussé la balle pour avoir des situations de 4 contre 3, et Pau a eut quelques oublis défensifs.
Eric Girard vous demandait une réaction d’homme à la suite du match à Vichy, vous lui avez montré que vous ne jouiez plus à la poupée là ‘
(Il éclate de rire) Nous avons parlé entre nous après le match de Vichy et on s’était dit qu’il fallait jouer plus dur et prendre du plaisir. Il ne fallait pas tomber dans le jeu stéréotypé de Vichy où ce n’était presque que du pick and roll ou de tenter de jouer systématiquement sur Chris.
Penses tu qu’une défaite vous aurez conduit à une crise ‘
Je ne sais pas si c’est le mot exacte, mais débuter l’année à 3-0, c’est pas la meilleure des façons pour commencer une saison. On doit cette victoire à notre défaite à Vichy qui est une équipe de deuxième partie de tableau. Mais si jamais on perd à Poitiers qui joue aussi le maintient, la pression va vite remonter à nouveau. C’est un championnat très indécis. On peut vite changer de statut.
Vous avez aussi le plaisir de revoir Karim Souchu à son niveau, c’est intéressant pour la suite ‘
Karim a des problèmes de confiance. Lorsque l’on voit ce qu’il fait à l’entraînement et en match, ce sont deux choses différents. Là, il s’est lâché. Il est rentré dans son match. Je suis content pour lui car même si on nous voit comme des concurrents, on s’entend très bien hors basket.
Par contre, Cédric Banks n’arrive pas vraiment à enchaîner de bons matchs, cela te semble-t-il inquiétant ‘
Non. Cédric est très souvent trappé. C’est de la défense en homme à homme avec de l’aide défensive s’il tente de driver. Tout le monde a pris le relais et c’est important de gagner les matchs sans lui. Cela nous laisse encore de la marge pour la suite. D’autant que je suis sur que certains vont dire « Souchu et Desroses ne feront pas ce type de match tous les week-end ». Cédric est en forme mais les défenses sont sur lui. C’est une situation difficile. Ca va venir. Il est très ciblé mais il arrive quand même à faire 6 passes décisives. Plus tard, lorsque les équipes verront qu’il n’est pas le seul à pouvoir scorer, il trouvera plus d’espace.
En ce qui te concerne, tu fais globalement le meilleur match de ta carrière en Pro A et tu rates de peu d’égaliser ton record à 3pts (6/6 à Besançon contre Villeurbanne). On t’a vraiment vu euphorique et proche du public ‘
(Il rit) J’aime communiquer avec le public. C’est vrai qu’il y a rarement la télé en Pro B où j’ai fais de très bon match. Lorsque l’on a une salle comme cela, il faut savoir lui rendre. J’aime exprimer ma joie, mais j’essai quand même de mettre quelques paniers avant (Il éclate de rire). Ensuite, les choix tactiques ont libéré des espaces. A part le shoot au buzzer, je n’ai pas forcé mes shoots. Ils sont rentrés, c’est sur. Je suis très content. Je profite. Mais Maleye N’Doye avait fait la même chose contre nous lors du premier match. Je ne suis juste qu’un copieur (Il rit).
Est-ce qu’être dans le cinq de départ aide pour rentrer dans le match ‘
Ce n’est pas forcément d’être dans le 5 qui est important, c’est plus le temps de jeu et la manière dont il est réparti. Je préfère jouer 20 minutes en sortant du banc que 15 minutes en étant dans le cinq. Et je préfère jouer de longues périodes temps plutôt que des petits bouts de match. L’important, c’est d’être sur le terrain à la fin, quand ça compte, mais j’aime jouer alors je prends tout ce que l’on me donne (Il éclate de rire).
Ton jeu dépend-il trop de l’adresse ‘
Avant, oui. Juste après ma blessure au genou, je manquais d’explosivité et je n’étais pas à l’aise. Je refusais presque le drive. Même en contre-attaque, je shootais à 3 points. Depuis que je me sens mieux physiquement, je peux être rentable sur de courtes séquences. Je me remets même à dunker (Il rit). Mais c’est vrai que j’aime le shoot.
Cela fait plus de 10 ans que tu es professionnel, tu as évolué en Pro A et en Pro B mais sans jamais vraiment faire de grosse saison en Pro A. Cette année, penses tu pouvoir faire une bonne saison en Pro A, afin de prouver que tu peux être performant à ce niveau ‘
J’ai alterné le bon et le moins bon. Mais mes problèmes de santé m’ont plutôt desservi. J’ai joué blessé à Bourg et malgré cela ils ne m’ont pas conservé. C’était frustrant. Je suis resté en contact avec Bourg parce que ma femme travaillait dans la région, et je souhaitais rester dans le coin. Je cherchais de la stabilité, mais j’ai du partir. Après, j’ai fait une saison moyenne à Besançon (Pro A), et je n’ai pas eu de proposition. J’ai eu quelques contacts avec Aix Maurienne où autre, mais cela n’a pas abouti. Je m’étais entraîné avec eux en début de saison, et Limoges m’a contacté. Cela n’a pas été évident au début. D’autant plus que j’étais le back up d’un français en Pro B. Je ne me sentais pas épanoui. Et je voyais qu’il y avait des blessés à Aix. J’ai presque pensé à repartir vu ce que je faisais sur le terrain à Limoges et le temps de jeu que l’on m’accordait à ce moment là. J’aurai même accepter de jouer en N2 à pour faire vivre ma famille. Et puis, j’ai eu quelques minutes en plus et j’ai pu m’exprimer. Avec le recul, j’ai pris la meilleure décision. J’ai signé pour deux ans. Je me sens encore un joueur de Pro B car c’est dans cette division que j’ai déjà prouvé des choses. En Pro A, à Cholet j’étais plus un rôle player. A Roanne, je pensais tout casser en arrivant. J’ai fais le forcing en préparation. Résultat, je me suis cramé pour la saison, et plus tard, j’ai lâché mentalement. Mais j’ai appris. Ce début de saison, j’ai étais sérieux. Je n’en ai pas fait trop. Là, je me sens bien. A Limoges, c’est un nouveau départ. C’est ma dernière chance, à 30 ans. (Il rit). Je ne m’y attendais plus. Je ne suis pas un baroudeur, j’ai plus étais obligé de bouger. Je suis plus attaché à un projet.
Tu as été MVP de Pro B, envisages tu ce titre en Pro A ‘
(Il rit) On peut être rêveur. Si dans deux mois, je fais encore des matches comme celui là, on en reparlera, surtout si collectivement on gagne des matches, car cela aura plus de valeur. Mais pour le moment, je n’y pense pas du tout. Il y a du monde devant comme Cyril (Akpomedah) ou Alain (Koffi) qui ont déjà prouvé. En plus, nous, on joue le maintient tranquille, il faudrait que l’on soit dans les 5 premiers pour que cela ait de la valeur. C’est très loin pour moi. Je peux faire une bonne saison mais il ne faut pas s’enflammer. Je vais m’attacher à être le meilleur joueur de mon équipe, ça serait déjà bien (Il rit)
Penses tu être à maturité au niveau de ton basket ‘
Je pense que j’ai été à maturité à Bourg. Si je ne m’étais pas blessé, j’aurai pu le prouver. C’était ma meilleure saison surtout avec la concurrence qu’il y avait (Gary Chathuant). Après, j’ai eu ma blessure et j’ai un peu perdu. Désormais, je suis revenu physiquement et mentalement. Je pense que je suis mieux armé maintenant car j’ai plus de vécu, je sais m’adapter au temps de jeu que l’on me donne. Je connais le basket. Je sais ce qu’il faut faire sur un terrain. Je suis revenu à mon niveau, même si je sais que je peux encore progresser. Je suis plus épanoui.
Limoges retrouve la victoire après deux défaites. Est-ce que l’on peut dire que désormais vous êtes rentré dans ce championnat ‘
Oui, on est rentré dans ce championnat, mais on ne s’est pas rassuré. Si on perd à Poitiers, tout le monde pourra dire qu’il y a un problème à Limoges.
Poitiers sera votre prochain adversaire. C’est un peu la bête noire de Limoges depuis quelques années, comment abordez vous ce match ‘
C’est un match important parce que c’est un derby. C’est vrai qu’abordé ce match si on était à 3-0, ça n’aurait pas été la même chose. Il faudra à nouveau se rappeler du match à Vichy. Il faudra défendre et courir. Ce ne sont pas les mêmes joueurs, alors on ne sait pas trop ce qui s’est passé entre les deux clubs avant. Limoges a perdu l’année dernière à Bercy contre Pau, et l’année d’avant contre Poitiers, alors on essayera de se venger de Poitiers, comme on s’est venger de Pau (Il rit).
Photo : O.Sarre
Il semble bien ce petit gars…