Le Mans, l’esprit Coupe
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Christian Baltzer avait à son actif deux Jeux Olympiques, à Melbourne et Rome, et il avait 25 ans lorsqu’il a choisi en 1961 de renforcer le SCM Le Mans alors en Excellence Nationale -l’équivalent de la Pro B – afin d’être embauché aux Comptoirs Modernes où il réalisa un parcours professionnel exemplaire. Le jour de l’annonce de la venue de cette « vedette » comme on disait à l’époque, les deux quotidiens locaux, Le Maine Libre et Ouest France, ne lui accordèrent que quelques lignes. Le basket était alors un sport confidentiel au Mans et les matches du SCM n’attiraient que quelques centaines de spectateurs à la salle Gouloumès.
Tout a changé en 1964 alors que le club était monté en première division, appelée alors Nationale 1, grâce à une finale de Coupe de France disputée à Tours, à 80 kilomètres du Mans, face à la Chorale de Roanne d’Alain Gilles. Un millier de supporters sarthois avaient suivi le mouvement et assistèrent à un match épique. Les arbitres sifflèrent 64 fautes personnelles et expédièrent neuf joueurs sur le banc. Et comme les règlements n’en prévoyaient que huit sur la feuille de match, Roanne termina à quatre et Le Mans à trois. A 68-67, Baltzer remonta la balle, se faufila entre les défenseurs roannais, tira en suspension et marqua le panier décisif.
La nuit fut grandiose. Christian Baltzer, qui ne fumait pas, tira avidement sur un cigare à la manière des Boston Celtics quand ils célèbrent une victoire et les joueurs firent nuitamment le tour de la ville du Mans sur des camions Yoplait. Et surtout une parade à l’américaine fut organisée un peu plus tard. Les joueurs s’installèrent à la gare dans des Caravelles décapotables avec majorettes, chants, hurlements de klaxon, pétards, pancartes et banderoles et remontèrent les rues de la ville jusqu’à la mairie. Le journal télévisé de 13h de la RTF leur offrit un reportage de 40 secondes et toute une ville, tout un département sevrés d’émotions sportives en dehors des 24 heures automobiles, étaient tombés amoureux de leurs basketteurs.