Grand entretien – Isaïa Cordinier (Virtus Bologne) : « Mon statut a changé »
3 min readVotre père Stéphane a terminé 4e aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 avec l’équipe de France de handball. Est-ce une revanche familiale d’avoir obtenu une médaille d’argent aux JO de Paris ?
Je n’aime pas le mot “revanche”. Mais c’est forcément une fierté d’avoir ramené cette médaille dans la famille. C’était la plus grande déception de la carrière de mon père. Il a toujours été mon modèle. C’était mon premier entraîneur, c’était un peu mon héros. Donc pouvoir un peu marcher dans ses pas et lui ramener cette médaille… ça me rend fier, bien sûr. D’ailleurs, je lui ai dit : “cette médaille, c’est aussi la tienne”..
Votre grand-mère de 89 ans était dans les tribunes lors des JO…
Oui, elle était là pratiquement à tous les matches ! Elle en a loupé un, peut-être deux, en phase de poules. Sinon elle était là, y compris contre le Japon (NDLR : victoire après prolongation, sur un 3+1 arraché par Matthew Strazel). Je ne vous dis pas le coeur pour elle (rires) ! Elle a 89 ans, elle est en très bonne santé pour son âge. Elle n’a pas pu voir mon père aux JO mais elle a pu voir son petit-fils donc c’est incroyable. Il y avait même toute ma famille : ma mère, ma petite soeur, ma femme… Faire les JO à la maison, c’était extraordinaire. Ce sont des moments spéciaux qui resteront gravés à tout jamais, pour beaucoup d’athlètes français.
Quelle a été l’influence de votre père dans votre carrière ?
Il m’a tellement apporté depuis toujours, je l’ai dit à de nombreuses reprises. Beaucoup de gens peuvent discuter des manières mais mon père, il m’a appris à être professionnel très jeune. Il m’a toujours considéré comme pro, en fait. C’est lui qui m’a donné cette exigence, cette discipline et cette éthique de travail qui ont fait la différence. Il était dur avec moi, ce n’était pas toujours évident, mais ça a porté ses fruits. Je ne suis que reconnaissant, et au final, ça se transcrit par beaucoup d’amour. C’est le plus important. Il a toujours voulu que je sois le meilleur, ça m’a poussé à être le joueur et l’homme que je suis aujourd’hui.
« Les JO de Paris ? Je n’avais jamais ressenti ça sur un terrain »
Avez-vous senti que vous étiez dans une sorte d’état de grâce aux JO de Paris ?
En état de grâce, je ne pense pas vraiment. En revanche, je n’ai jamais été aussi haut en termes d’émotions, de compétitivité, d’énergie, d’adrénaline. Même en termes de plaisir, je n’avais jamais ressenti ça sur un terrain.
Quand avez-vous senti que Vincent Collet vous faisait pleinement confiance ?